« - Oh ! une boule de cristal ! Toi aussi tu fais de la divination ? C'est cool on sera peut-être ensemble en cours !
- Oui ! Je compte bien prendre cette matière en option, alors qui sait ? Vous entamez quelle année, tous les deux ? »
Inutile de tergiverser pendant mille lunes ; Hippolyte baignait dans une profonde confusion face à ces jumeaux. Si le premier lui paraissait sympathique, voir timide, à tel point qu’il prit le temps de lui répondre, le second semblait moins introverti, allant jusqu’à le traiter de … Katahimo ? Kawahime ? Bref ! Quelque chose d’étranger pour sa maigre culture des créatures magiques. Une majorité de celles présentes dans les contrées européennes était déjà difficile à retenir pour lui, alors une autre sortie tout droit de la culture japonaise ; autant dire qu’Hippolyte n’avait eu aucune réaction, puisqu’il ne saisissait pas de quoi il venait de se faire traiter.
En revanche, ce qu’il avait bien compris, c’est que le dénommé Liam avait la même réaction que les autres adolescents lors de ses premiers jours à Beauxbatons. Une réaction véhémente, méfiante, bien que celle-ci (il l’espère !) ne soit pas teintée de méchanceté. Plutôt d’une peur de l’inconnu.
Même avec ce genre de personne, Hippolyte restait calme, voir compatissant, car mainte et mainte fois, sa mère l’avait mis en garde contre le danger de la colère ou de toute autre émotion négative trop forte. Cela pouvait lui donner un air je-m’en-foutiste sur les bords, notamment lorsqu’il vient à peine de se réveiller. Ce qui n’est pas le cas. Son sourire était moins franc, moins excessif, mais plus sincère, tandis qu’il répond à la remarque des deux jumeaux qui débattent à son sujet sans même tenir compte qu’il était encore présent. « Je ne sais pas de quoi vous parlez, mais j’ai rien avoir avec les sirènes ou quoi que ce soit, hein ? J’sais même pas nager … » Il tente la plaisanterie et l’aveu avec un léger rire, tout en dressant ses mains devant lui en guise de maigre protection contre ; rien du tout.
Accaparé par les jumeaux, il n’avait ni eu le temps de répondre à cette fille dont lui visage lui était familier. Comment l’oublier ? Ce n’est pas tous les jours que l’on croise une personne qui se promène avec une araignée sur la tête. De toute évidence, puisque le baguettier avait accepté de le conduire à sa boutique, non sans en profiter pour faire un coup “marketing” en lui confiant sa carte de visite, il sera très vite amené à la recroiser. « Eh bien à plus tard, je suppose ? » dit-il à Liam et William, accompagnant ses mots avec un geste de la main, avant de rejoindre l’homme à la canne. Sa simple présence mettait visiblement mal à l’aise l’un des deux, tandis que l’autre était plutôt agressif. Ne souhaitant pas être l’objet d’un conflit entre les deux frères, il préfère s’éclipser.
À nouveau dehors, l’atmosphère était subitement plus respirable. S’en était presque ironique, quant on sait qu’il s’est engouffré à l’intérieur de cette boutique. La fumée de cigarette ne le dérangea pas, pas plus que l’aura de cette fille.
Ses yeux bleus échangent en silence entre Louis et Morwenn. Il y avait beaucoup de non-dit. Des non-dits qui le touchaient tout particulièrement, car il avait également entendu la mention de la guerre des moldus. Il sentait une boule au ventre s’installer, ne sachant comment poser ses questions sans que cela ravive de mauvais souvenirs ou soit maladroit. Des doutes qui se répandaient dans son esprit comme une trainée de poudre et qui noircissaient celui-ci plus vite que la lumière qu’il venait de retrouver. Si bien qu’une grande tristesse l’envahie. Son teint devint alors aussi grisâtre que maladif, que ses cheveux devinrent blancs comme la neige et que ses yeux s’assombrirent. En sentant cela, il s’empressa de remettre la capuche de son manteau sur sa tête et il baissa celle-ci.
« Dis-moi, tu n’étais pas à Beauxbatons ? » lance-t-il finalement pour espérer changer de sujet, avec une voix plus grave, plus cassée. Personne n’a su réellement pourquoi il était parti du jour au lendemain de l’école, car il ne raconte pas beaucoup sa vie. Malgré tout, la question lui brulait les lèvres. Hippolyte avait potentiellement un autre sorcier qui aurait pu combattre aux côtés de son père et donc, il ne pouvait pas passer à côté ; « Vous…Vous avez parlé de la guerre des moldus tout à l’heure aussi. Est-ce que … Est-ce que vous avez combattu à Verdun ? » C’est là-bas qu’ils ont ramassé ses plaques et qu’on a retrouvé sa baguette. « J’aurais aimé savoir si vous connaissiez Arthur De Pampelune. Il a combattu, lui-aussi. Peut-être que vous étiez … Dans le même régiment ? Je crois que c’est comme ça qu’on appelle les équipes. »