[HALLOWEEN] You Make Me Feel Like It’s Halloween

L’instant où Sacha avait disparu à travers les flammes pour atterrir dans ce manoir, il n’y avait pas que ce passage embrasé qui s’était volatilisé. “Igor” aussi. Ne restait plus que le porte-cigarette parterre, abandonné par son propriétaire. Aucun mot, aucun signe et plus perturbant encore, aucune agitation à l’extérieur de ne pas revoir deux professeurs et deux élèves revenir.

Le garde-chasse, tout comme le premier jumeau, avait disparu.



Seul dans cette vaste maison ayant tout d’un film cliché à moyen budget, Sacha ne pouvait pas décrier l’authenticité du sang par terre. Il était en effet sec et donc, il n’avait pas ces effluves tentateurs, qui avait déjà joué un bien vilain tour au demi-vampire avec son professeur de magie noire. Il n’était pas utile de le boire, mais peut-être de l’observer car en effet, ce n’étaient pas quelques gouttes, mais une véritable trainée qui s’engouffraient quelque part. La pièce que venait de quitter Sacha était visiblement un salon. Tous étaient drapés, voilaient autant par la poussière que par un drap blanc. Les silhouettes du mobilier laissaient néanmoins deviner une table, un piano deux fauteuils, un grand canapé, un vaisselier et un bureau avec sa propre chaise attitrée.
La porte franchie mène à un immense hall d’entrée. L’escalier principal fait face aux portes d’entrée, doubles, alors que le demi-vampire se retrouve aux centres. Des armures sont exposées, ayant pour mission de faire une éternelle haie d’honneur à ceux qui rentrent ici. Les tissus, décolorés et rongés par l’humidité ou les nuisibles, recouvrent de bleu, de violet et de rouge les murs en brique. Des colonnes supportent les poutres de l’étage supérieur, qui sont à l’origine de ces grincements.

Face à lui il y avait trois portes au rez-de-chaussée, l’escalier menant au première étage et deux portes tout de suite à sa droite. L’une d’entre elles était directement sous les marches des escaliers et sous ses pieds, la trainée de sang s’y engouffrait. Le destin ayant décidé de ménager le demi-vampire pour le moment, ses pérégrinations le poussent à aller vers la troisième porte du trio d’issus face à lui et celle-ci le mène à une petite salle à manger déserte, si ce n’est quelques rats surpris sur la table. La pièce est étroite et reliée à sa voisine par une nouvelle porte. Tout est abandonné depuis des lustres et pourtant, il y a une marque au mur, comme si quelque chose d’installer ici depuis une éternité et ayant accumulé toute la poussière environnante avait été retiré récemment. La forme sur le mur est parfaitement ronde, grande, comme un plateau ou un petit bouclier.



De son côté, Kesha était peut-être le plus chanceux des deux au bout du compte. Cela reste relatif, mais son accompagnateur n’est pas en état de lui faire du mal. Cela rassure. Quelque part. « Niet, en toute honnêteté je m’en fiche. Ça ne tiendrait qu’à moi, je t’aurais laissé chialer dans ton coin. » Diablement véridique. L’honnêteté n’étant pas ce qui dérange le plus Zakhar qua nt il s’agit de remettre tout le monde à sa place dans son estime personnel. Il n’en dit pas plus, puisqu’il ne voit pas ce qu’il peut dire de plus. L’effort est déjà notable de sa part et le gosse n’avait pas très envie de rester avec lui. Une réaction sage et raisonnable, pense-t-il dans un coin. Ce qui rend Kesha un peu plus supportable que Sacha, ironiquement.
Le mage noir s’en va pour prendre une nouvelle gorgée, mais Spoutnik se met à grogner. Le Terre-Neuve a le regard rivé entre deux arbres et il se met même à aboyer, comme s’il donnait des ordres. Alors que pendant ce temps, Grishin était plutôt préoccupé par le fait que sa bouteille était vide. Car oui, elle n’était pas sans fond et elle avait été ensorcelé pour qu’elle en est un.

« Mais tu vas te taire, toi ! » ordonne le professeur au chien, qui cesse d’aboyer, mais continue de grogner avec le poil de son dos dressé. « Pas besoin. Elle vient à nous. *soupir* Je suppose que c’est fini pour moi en tout cas. » Il est suffisamment conscient pour savoir qu’il avait besoin de tous ses réflexes et toutes ses capacités physiques. Il sort une potion, préparé par le garde-chasse prévoyant, de sa poche et la boit cul-sec. Le gout le fait grimacer de plus belle et elle est suffisamment écoeurante pour dissiper tous les mauvais effets de l’alcool en donnant un bon coup de fouet au professeur. « Bon. Je sais que tu es là. Tu sors ou je te sors. » Zakhar accompagne ses mots avec les gestes et sa baguette se trouve entre ses doigts, comme si elle venait d’apparaître entre ceux-ci.

Docile, Igor apparaît, toujours vêtu de ce drôle de costume le masquant de la tête aux pieds. Il hausse les mains, paumes en évidence, en signe de réédition.

Spoutnik continue de grogner.

« Moi je grogne sur Igor. Lui jamais. Il est où ? » “Igor” reste figé et peste, tandis que Spoutnik finit par se jeter sur lui, mais la créature se met à hurler si fort et de manière si stridente que sa grande gueule squelette s’ouvre pour cracher des flammes, ce qui stoppe le brave chien net. Zakhar agite sa baguette et guide l’eau d’un ruisseau jusqu’à la gueule pour l’étouffer avec. « C’est pas grave, je n’aurais qu’à te dépouiller une fois mort pour savoir. » Deux nouveaux coups de baguette partent. Le premier pour exécuter un Serpensortia faisant échapper un mamba noir du bout de celle-ci, puis un Amplificatum pour le faire grossir encore et encore, jusqu’à ce qu’il atteigne la taille d’un Basilic. Le serpent gigantesque se jette croc en avant sur la créature, qui s’en échappe, mais son propre déguisement se désagrège à cause du feu. La fausse-corne tient bon, mais ses vêtements brulent et parsèment sa tenue de trou incandescent. Il évite une nouvelle fois le mamba et plante ses griffes dans ses écailles pour s’y accrocher et le guider, afin de l’entremêler aux arbres pour réduire sa mobilité.

Le faux-Igor descend de sa monture improvisée et dévisage les deux sorciers longuement, avant de disparaître dans un torrent de flamme. La forêt redevient tranquille, tandis que le professeur de magie noir fait s’évaporer sa chimère dans une nuée de cendre. « Ton frère n’est plus là-bas et je ne rentre pas sans Igor. » Il coince sa baguette à sa ceinture et reprend sa marche en direction du fond de la forêt.

HRP • Igor parle en Russe lorsque ses dialogues sont en italic