Il lui fallut un bon moment -
beaucoup trop longtemps - avant d’arriver se remettre de la frayeur que cette apparition impromptue du familier de son enseignant avait engendrée. Une chose qu’il devait en majorité à son propre familier, qui avait grimpé de la poche de son manteau pour venir s’installer sur son épaule et se loger contre son cou en une tentative de calmer son cœur qui battait
beaucoup trop vite.
Il aimait son professeur de Potions,
vraiment, mais Liang savait qu’il n’allait jamais être en mesure de s’habituer à cette
chose immonde.
Éventuellement, après plusieurs longues minutes et encore plus de regards en coin qu’il remarqua à peine de la part des étudiants qui se promenaient dans le couloir du train, vint la réalisation qu’il ne pouvait pas simplement
rester là, assit comme un idiot dans le couloir pour le reste du trajet. Il n’y avait aucune chance qu’il retourne dans son propre compartiment - pas maintenant, alors qu’il venait tout juste d’arriver à faire disparaître l’éclat pâle du blanc de sa chevelure -, mais il devait bien y avoir d’autres cabines dans lesquels on allait accepter qu’il passe un peu de temps, pas vrai?
Et l’idée de peut-être pouvoir rencontrer d’autres élèves, de se faire quelques connaissances -
quelques amis? - avant de poser le pied au château était suffisant pour le pousser à se relever, jetant un regard presque incertain autour de lui, ne sachant pas par où commencer. Et s’il tombait sur l’étudiant blond à l’accent étrange qui était venu déverser son venin sur les moldus un peu plutôt?
Ce serait vraiment le comble d’une journée qui, pour l’instant, était loin d’être aussi parfaite que ce qu’il avait espéré pour cette nouvelle rentrée.
La décision finit par se prendre d’elle-même lorsqu’un bruit retentissant lui parvint aux oreilles, le faisant tourner les yeux afin de voir une jeune fille trébucher contre, de ce qu’il pouvait voir de là où il était, une valise traîtresse qui n’avait manifestement pas été rangée; pas que Liang se permettait de juger, considérant le manque d’attention flagrant qu’il avait apporté à ses propres affaires.
Ça ne l’empêcha pas de ressentir une pointe d’inquiétude pour l’étudiante; il pria intérieurement qu’elle ne se soit pas fait mal, parce que cette chute avait été
violente. Liang s'apprêtait d'ailleurs à aller l’aider à se relever lorsqu'un élève à la chevelure d’un roux vif s’en chargea avant qu’il n’ait le temps de s’y rendre, bien vite arrivé et tout aussi vite reparti. Mais qu’à cela ne tienne; peut-être qu’ils allaient avoir de la place pour lui dans leur compartiment, et la malle qui était toujours jonchée par terre était sans conteste quelque chose qu’il faudrait déplacer avant qu’un autre accident n’arrive dans le Poudlard Express.
Un sentiment qui était visiblement partagé, considérant les quelques phrases qu’il arriva à entendre alors qu’il arrivait enfin à la porte de la cabine. À l’intérieur, se trouvait l’adolescente qu’il venait tout juste de voir et qui, fort heureusement, semblait toujours en un seul morceau, un jeune homme particulièrement bien habillé s’il en croyait ses quelques connaissances de la mode anglaise, de même qu’un autre étudiant, plus grand, dont les yeux étaient recouvert d’un bandeau pour une raison inconnue.
Et, plus important, il y avait
une place de libre.
-
Oh, bonjour! Est-ce que ça va? J’ai vu que tu étais tombé, ça a dû faire mal, est-ce que tu as besoin de quelque chose? Il y a un professeur pas très loin, et je vous le jure, il est passé maître dans l’art de guérir les blessures en tout genre et même s’il risque de soupirer un peu, il faut pas croire, je suis sûr qu’il va aider sans soucis, fit-il à l’intention de la jeune femme avant de baisser les yeux sur la malle qui traînait toujours dans l’entrée.
Est-ce que vous avez besoin d’aide pour bouger vos bagages? Ça a l’air franchement dangereux, et ce serait vraiment terrible si quelqu’un se faisait mal avant même la rentrée, vous imaginez si encore plus de gens trébuchent dessus et se cassent un bras? Ou pire encore. Laissez moi juste, erm- ajouta Liang en dévisageant l’objet avec une incertitude qu’il essaya de cacher du mieux qu’il le pouvait.
Il voulait juste quelque chose -
n’importe quoi - pour se changer les idées, et si ladite chose arrivait sous la forme d’une tentative d’aide de l’un des autres élèves de sa nouvelle école, il y avait bien pire.
Et ce même si le tout incluait l’usage d’une force que, au vue de sa carrure franchement peu impressionnante, il était loin de posséder, ainsi que des efforts physiques qui ne manquèrent pas de le faire grimacer intérieurement. Vraiment, il y avait une
raison pour laquelle il avait demandé à quelqu’un d’autre de porter ses bagages. Mais voilà, c’était pour aider quelqu’un, prévenir de futurs accidents, et s’il essayait juste de… la bouger un petit peu, en dehors du chemin et bien loin des pieds inattentifs, c’était déjà mieux que rien, pas vrai?
C’est emplie de cette conviction qu’il se pencha afin de saisir de
l’énorme valise - oh, il pouvait déjà sentir que c’était une
mauvaise idée, imaginait d’ores et déjà toutes les courbatures qu’il allait se recevoir à essayer de déplacer un truc pareil avec sa force minable -, arrivant après quelques secondes et
beaucoup trop d’efforts à en soulever un côté d’une bonnes dizaine de centimètres.
Et c’est là que mourut sa dignité, en miettes aux pieds de ces trois adolescents inconnus.
En un élan de malchance que Liang allait réaliser provenait sans aucun doute de sa baguette une fois qu’il allait avoir le temps de refléter sur les événements, tard le soir après la répartition alors qu’il ne voulait que se noyer sous ses couvertures afin de faire taire la honte qui ne manquait pas de le saisir alors qu’il ressassait le tout encore et encore et
encore, le train fut soudainement pris d’un petit moment de turbulence. Ce genre de secousse que vous ressentez à peine, qui arrive si souvent sur les chemins de fers qu’ils finissent bien vite par se fondre dans l'arrière-plan et qui normalement aurait à peine fait s’ébranler une tasse de thé laissée à découvert.
Sauf que voilà; le stress et l’anxiété de la journée avait un peu trop affecté sa baguette magique, et dans son effort presque herculéen de soulever la valise si
lourde de l’un des étudiants, l’objet capricieux avait décidé de faire des siennes.
Soudainement, voilà qu’il perdait l’équilibre avec un cri étranglé, cri qui se transforma en hurlement particulièrement aigu et perçant lorsque, en tentant de se ratraper dans sa chute inévitable, il se saisit de la valise afin de ne pas s’effondrer sur le dos telle une poupée de chiffon informe. Valise qui ne devait peut-être pas être aussi bien fermée que son propriétaire l’avait cru au premier abord, s’ouvrant sous lui alors qu’il s’écrasait tête première dans une pile de vêtements particulièrement bien repassés et de bouquins parfaitement empilés.
’Oh,’ pensa-t-il entre deux moments de panique alors qu’il voyait son familier, fort heureusement en un seul morceau, se faire la malle pour aller se faufiler bien loin du chaos environnant,
’c’est donc comme ça que je vais mourir.’Dans son empressement à essayer de se relever - il ne manquerait plus que le tout se referme sur lui et qu’il finisse enfermé dans la malle comme un imbécile -, il balança vêtements et autres objets dans tous les sens, finissant éventuellement par rouler en dehors de la pile d’effets personnels avec une difficulté presque surprenante.
Un rapide coup d'œil autour de lui ne fit que confirmer sa plus grande crainte; la cabine ressemblait désormais à un véritable champ de bataille, les pauvres étudiants n’ayant pas été épargnés si on en croyait les chemises et autres habits en tout genre qui avaient été envoyés dans leur direction.
Oh, mais quelle
horreur.
-
Oh non, 是我的错, je m'excuse je- 我的天啊, pardonnez moi j-je sais pas ce qui s’est passé, je voulais juste, oh, mais c’est le pire, maintenant vos affaires sont toutes en désordre et j’ai probablement tout cassé, fit-il à toute vitesse, le rose de l’embarras colorant non seulement ses cheveux mais son visage également alors qu’il essayait de tout remettre à sa place avec une hâte qui pouvait se voir dans la masse sans queue ni tête de vêtements qui se trouvait maintenant dans la valise au lieu des habits parfaitement pliés qui y étaient auparavant.
Laissez moi juste- je vais ramasser je vous le promet, vous allez voir, ça va être comme si rien ne s’était passé, continua Liang avant de se lancer à mi-voix dans un déluge de mots dans sa langue natale alors qu’il essayait de redonner un semblant d’ordre aux bagages du pauvre étudiant qui venait d’être victime de sa maladresse.
Une pause, alors qu’il observait avec une honte grandissante la cravate qu’il avait toujours entre les mains, avant qu’il ne laisse tomber cette dernière par terre pour enfoncer son visage aux creux de ses paumes; il n'osait pas regarder les autres élèves de peur de voir leur réaction. Une part de lui ne voulait rien de plus que de se rouler en boule et rester étendu par terre comme une loque jusqu’à ce que le train reparte de Poudlard et le ramène à la station. Il n’arrivait tout simplement pas à croire que tout ça venait d’arriver. Lors de son
premier jour, devant des gens avec qui allait vivre durant les prochaines années.
En face de potentiels
camarades de classe. C’était une véritable
catastrophe.
Il se serait honnêtement mis à pleurer - était à
deux doigts de le faire - si l’idée même de s’humilier encore
plus en si peu de temps n’avait pas été suffisante pour l’obliger à avaler la boule qu’il avait au fond de sa gorge.
Il fallait qu’il arrange les choses. D’une façon ou d’une autre, il le
fallait.
Un court instant de réflexion avant qu’il ne retire la fleur qu’il avait mise dans ses cheveux ce matin avant de partir - c’était d’ailleurs un miracle qu’elle n’ait pas fini complètement écrasée dans la débandade -, la plaçant délicatement sur le dessus de la valise en une tentative sans doute pas particulièrement réussie de se faire pardonner,
encore une fois, pour le chaos qu’il venait d’engendrer. Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais pour l’instant, c’était tout ce qu’il avait à offrir avec ses plus plates excuses.
-
Je, ah, m’excuse encore, je- je vais vous laisser avant de mettre encore plus de bordel dans vos affaires, je, oh, si j’ai brisé quelqu’un chose, je suis vraiment- je vous le promet, je vais vous le réparer une fois qu’on sera arrivé à l’école, vous aurez qu’à me retrouver et- h-hum, au revoir, fit-il maladroitement alors que, encore une fois, il disparaissait de l’un des compartiments du train à une vitesse qui lui était peu commune, attrapant son familier au passage avant de refermer la porte derrière lui.
Et le voilà de retour dans le couloir, Xiu-Ying serrée contre sa poitrine alors qu’il essayait de se remettre de l’embarras cuisant qui, il le savait, allait mettre un moment à le lâcher.
⚝ ⚝ ⚝
Mood: En bref: Liang essaie de se calmer dans le couloir après avoir vu l’énorme araignée de Takaeshi, avant de finalement décider de trouver des gens avec qui passer le reste du trajet loin de cette monstruosité. Il voit Morwenn se gameller et décide de venir les aider à bouger la valise qui traîne et peut-être s’asseoir avec eux. Pas de chance, parce qu’en essayant de bouger la valise, il se casse la gueule, la valise s’ouvre, il tombe dedans et balance le contenu partout par accident avant de se fondre en excuses et de prendre la fuite après avoir essayé sans grand succès de tout ranger.