Le bref élan d’adrénaline était retombé et il se fige dans l’encart de la porte. Ses yeux toisent les passagers et ce n’est qu’à ce moment qu’il réalise avoir interrompu quelque chose. Il était trop loin lorsque la Beuglante avait déversé son venin sur cette femme, mais suffisamment près pour avoir entendu les présentations de celle-ci. Une professeur qu’il ne verra pas de sitôt, compte tenu de son aversion pour la violence inutile. Quoi que ; ça ne lui ferait pas de mal de recevoir ses cours. Dans tous les cas, quitte à régler ses comptes, il préféra le faire sur un terrain de Quidditch.
Une minute avant le drame.
Ses yeux bleus font le tour de la cabine et malgré son entrée impromptue, Hippolyte reste droit et excessivement calme. On pourrait presque croire qu’il était mort à l’intérieur, comme s’il avait déversé beaucoup trop d’énergie pour harceler Alistaire. «
Bonjour. Excusez-moi par avance, je ne voulais pas vous importuner. J’ai cru voir qu’un oiseau s’était engouffré ici, mais mes yeux m’ont fait défaut. » Il accompagne ses propos par une légère révérence. Elle n’était ni excessive, ni trop faiblarde. Justement dosée pour que ça ne soit qu’un geste de politesse parmi tant d’autre, sans pour autant découler d’une attitude militaire.
«
Je pensais que les professeurs auraient leur cabine à eux, mais visiblement ce n’est pas le cas. Entre le professeur Wallace et vous. J’espère qu’il va bien d’ailleurs… » Le démi-Vélane semble plonger dans ses rêveries, soucieux. Sans doute pris par l’incertitude, il ne savait pas trop s’il devait rester ou bien au contraire, ne pas imposer sa présence plus longtemps. Malgré le venin de Chevalier, l’ambiance ici semblait plus détendue. Tant est si bien qu’il hésitait à demander refuge dans cette cabine. Non pas que la compagnie de la sienne soit désagréable, mais ils étaient si peu bavards que ça jetait un froid.
Il se réveille subitement à l’aide d’une première secousse du train. Rien de bien méchant, mais annonciateur d’une catastrophe imminente.
Sitôt, il adresse un sourire angélique aux occupants, comme si cela allait l’aider à leur faire oublier son moment d’absentéisme. «
Peut-être que vous l’auriez vu passer ? Cet oiseau ? Il s’est échappé de la cage d’un passager, j’aimerais l’aider à ce qu’il la récupère. Le plus vite sera le mieux, je pense. » Oui. Sans doute. Il ne savait pas trop l’avis sur la question de chacun ici présent. La voix douce de Madame Holmes le poussait à se ranger de son côté, voir à y trouver une aile sous laquelle se réfugier en cas d’ennui, compte tenu de ses compétences en duel entre autres, car ce n’est pas l’attitude assez ; étrangement qualifiable de l’autre adulte, silencieux quant à lui, qui l’aidera à se sentir en confiance en sa présence.
Puis le destin a décidé de lui cracher aux visages. Ou plutôt, de le rapprocher de Chevalier de manière inévitable. Les secousses du train s’étaient agitées, signe d’une accélération progressive, tandis que d’autres agités continuaient de se promener dans les couloirs, au plus grand damne du contrôleur qui ne parvenait à les garder assis dans leurs cabines. Hippolyte était parfois bousculé dans le dos, soi-disant que la place n’était pas nécessaire. Une fois, deux fois, trois fois ; avant qu’il ne se retourne pour demander au malchanceux de se calmer. Un inconnu au bataillon pour tous. Sans doute un élève de première année.
Il piétinait, contraint d’entrée petit-à-petit de grès ou de force dans le carré de vie de cette cabine et à l’instant où il souhaitait se retourner pour formuler des excuses : il eut un coup de frein.
Un coup de frein, puis une perte d’équilibre, puis la malchance, puis la honte. Le tout en l’espace d’une seconde. Une seconde qui lui parut une éternité, mais pas dans le bon sens du terme lorsque vos lèvres rencontrent d’autres étrangères pour la première. Celles d’un serpent, qui plus est. Il ne manquerait plus qu’un “je n’osais pas te le dire, mais tu m’avais manqué depuis Beauxbatons” mis hors-contexte et ça aurait été le pompon. La cerise sur le mollard de la destinée. Tout ce qu’il y avait de pire pour un demi-Vélane comme lui, compte tenu des dangers d’un cœur en émoi.
Le temps de réaliser ce qui se passait, il y a eu une seconde, peut-être deux, bien que le réflexe fût quasi-immédiat du côté d’Hippolyte à savoir ; eh bien pas poussé le vice plus loin et y mettre la langue. Woh. Manquerait plus que ça. Rouge. Son teint de porcelaine devenait aussi rouge que les couleurs de sa future maison et s’il semblait mort à l’intérieur plus tôt, il semblait mort aussi de l’extérieur à présent. Mort de mal être à l’idée d’avoir pu être vu, par DEUX PROFESSEURS QUI PLUS EST ! Dont un qui avait tout d’un pète-sec !
Du courage, il en avait. Sauf présentement. Là, il avait qu’une envie : c’était d’opérer un demi-tour illico-presto, retourner dans la cabine qui lui était attitré (en plus, il n’y a plus personne, c’est merveilleux !) et se laisser mourir dans un coin de la banquette. Prêt de la fenêtre de préférence. Au lieu de ça, il bredouille : «
Je-je… C-c’était… D-désolé, vraiment ! C’était pas… » Volontaire ? Même là, il hésite à le dire. On ne sait jamais, DES FOIS QU’IL LUI BRISAIT LE CŒUR EN PLUS ! Hippolyte devient pâle, puis gris. Ses couleurs éclatantes ternissent à vue d'oeil et il en faudrait peu pour qu'il s'évanouisse. Cela étant, il veut être un homme fort. Il vaut rester digne et fier. Il lutte pour ne pas s'effondrer.
*J’veux rentrer à la maison T.T*HRP • Hippolyte arrive chez-vous et hésite à demander de rester. Puis ce qui devait arriva, il embrasse accidentellement Alban et il est en train de se décomposer intérieurement et extérieurement.