« Vous êtes vraiment sûr que vous voulez que ça soit moi, qui les retrouve ? » demande-t-il avec un sourire rempli de malice, de vice et d’un brin de moquerie. « Oui. Je pense que tu peux faire difficilement pire que le Gardien de Nuit, s’il leur met la main dessus. » - « Je tiens à mon travail pour le moment, oui. Cela étant, je ne compte pas les laisser s’en tirer à s’y bons comptes. Les règles, c’est fait pour être respectés. Soit ! Je pars en chasse. » Une nuit écourtée de plus, mais qu’importe ! Cela valait toutes les heures de sommeil du monde, de faire une course contre le Gardien de Nuit.
D’autant que Zakhar voulait absolument les trouver avant lui, pour les enfermer dans le cachot et leur apprendre à méditer, dans le noir, sur leur bêtise. Au moins, ils auront un toit à défaut d’avoir à boire et à manger. Ce qui n’aurait pas été le cas, s’il avait choisi de les attacher à un arbre dans la Forêt Interdite.

Il fallait donc commencer par le premier étage. Pour des questions de discrétion (car il y a suffisamment d’un monstre visible qui les pourchasse), il avait pris sa forme animale. Il trottinait dans les couloirs, montant les escaliers en bondissant quatre marches par quatre marches, avant de finalement se retrouver dans celui menant jusqu’à l’infirmerie.

Prévoyant. Ou prévoyante. Ou au pluriel, il ne sait même pas combien sont-ils.
Cela lui donna une idée pour tenter de mieux localiser ses cibles. Il reprit sa forme humaine et à aucun moment, il prit soin d’allumer sa baguette pour s’éclairer. La lumière ambiante suffisait, Zakhar avait de bons yeux. Il préférait se fier à ses oreilles et surtout, à sa baguette. Il murmura d’une voix à peine audible : « Hominum revelio… » en balayant vers l’avant le sol du couloir avec sa baguette. Il espérait y découvrir des traces à suivre notamment. Il avait effectué le geste vers la zone où il lui avait semblé entendre quelque chose, comme des murmures ou des bruits de pas.

Quatre ? Zakhar ne peut s’empêcher d’étirer un sourire amusé.
Ce cher Gardien de Nuit ne s’est pas fait avoir par un, mais par quatre élèves. Il comprend mieux pourquoi ce dernier est aussi ronchon et de mauvaise humeur.

Qu’à cela ne tienne. Il sait combien de petites souries il va devoir attraper. Une métaphore qui lui donne une autre idée, à défaut de se souvenir du nom du sortilège pour révéler des traces de pas. Il a plutôt l’habitude de les effacer. Qui se méfiera d’un chat seul en pleine nuit ? Ce n’est qu’un animal comme un autre, comme il y en a beaucoup d’autres dans ce château pour tenir compagnie à ces sales mômes. D’autant que sa soudaine présence pourrait disséminer ce petit groupe aux quatre coins de l’étage et il n’a clairement pas envie de leur courir après, chacun leur tour, dans une direction respective pour chacun. C’est plus facile s’il peut faire un coup de filet et les avoir tous les quatre en même temps et il perdrait moins de temps avant que le gardien ne leur tombe dessus en premier.
Il range sa baguette dans sa manche et se change à nouveau en animal. Il sort de sa cachette et gambade l’air de rien dans les couloirs, en faisant un minimum de bruit lui-aussi. Sa queue remue de droite à gauche, faisant office de balancier pour sa démarche de funambulise au bord des reliefs des murs de ce couloir.

Sa fourrure sombre lui permet une certaine discrétion, même si ses deux yeux fendus jaunes sont de véritables petites flammes dans la nuit. Il se fie sur son instinct et se dirige vers l’endroit où il avait entendu le plus d’échos. Il marche, encore et encore, espérant rattraper le petit groupe en trottinant sur leurs hypothétiques traces.