There's a merry old inn, beneath the old grey hill [FT. Louis]

Tu ne te considérais pas -et ne te considère toujours aucunement- comme un alcoolique.
Après, quand tu dis "alcoolique", tu parles bien entendu des personnes atteintes d'une dépendance chronique aux joies de la liqueur, et non des consommateurs partiels de ce genre de boissons. Car comme tout adulte qui se respecte, tu connais les effets d'un bon verre de bière, ou tout autre alcool -tu t'en remets aux bières, car c'est bien ta propre base au niveau de la qualité-. Tout pour dire, que tu n'es pas étranger aux bienfaits des nectars humains, et tu ne t'en prives aucunement. Entre ça et le café, les deux styles de breuvages sont bien les deux seules choses qui te tiennent debout pendant toutes tes heures de correction. Et dire que tu avais changé de pays complètement juste pour venir enseigner à des gamins, en ANGLAIS maintenant.

Il n'est alors pas surprenant à vos oreilles -ou devrais-je dire yeux...?- d'apprendre le lieu où tu avais décidé de te terrer pour le moment, si? Le Chaudron Baveur était un lieu reconnu par tous les sorciers habitant sur le sol Anglais, et ce n'est pas une exagération. Peut-être pas pour la qualité de son menu, ou encore de ses boissons, mais bien pour l'accès au Chemin de Traverse qui existait au fond de son établissement. Bref, tout pour dire que tu voyais beaucoup plus de sorciers que de moldus, assis en groupe ou seuls, comme toi. Tu sirotais un verre de bière, au bar, depuis un petit moment. Qui sait si à Poudlard tu allais pouvoir te prendre un verre aussi facilement, avec tous ces gamins qui couraient partout et qui se fourraient le nez dans toutes tes affaires. Une chance que tu avais appris ta leçon avec Mahoutokoro, et que cette fois-ci tu allais barrer ta bibliothèque avec un sortilège de ta création. On ne voudrait pas une répétition de... Bref.

Prenant à nouveau une gorgée du liquide blond dans ta chope, tu ramenas tes yeux vers ton journal. Tu voulais revoir tes notes pour l'année à venir, être sûr d'avoir bien suivi le cursus demandé. C'est bien savoir enseigner sa matière, mais les pays différents avaient la vilaine manie de choisir des potions et ingrédients différents pour leur curriculum, et tu ne souhaitais pas t'attirer les courroux des administrateurs dès ta première année.

Tu n'étais pas du genre à te préoccuper des affaires des autres, si ça ne paraissait pas déjà. Tu ignorais depuis un moment les petites histoires des autres, et ça t'allait à merveille. Tu n'avais aucunement l'envie de savoir tout sur les achats de tes voisins, ou encore que le petit gamin blondinet allait être ton élève dans l'année qui s'en venait, et qu'il n'avait aucunement envie d'être avec des "sang de Bourbe" cette année. Ugh.
C'est donc ainsi que tu ne remarquas aucunement Louis qui s'approchait, pas avant qu'il ne pose sa paume sur ton épaule.
- Ah ! Vieux camarade ! Dis-moi, je n’imaginais pas te croiser un jour sur Londres, je te pensais retourné au Japon après la Guerre.
Tu retournant sur ton tabouret, tu jetas un regard à ton compagnon du soir. Comment pouvais-tu véritablement oublier la face de l'homme qui se tenait devant toi. Certes, il était beaucoup plus propre et soignée, son minois plus déchiré par la grimace de la douleur qui le traversait autrefois. Si tu n'étais pas aussi observateur que tu l'étais, tu n'aurais peut-être aucunement reconnu le soldat d'autrefois qui se tenait devant toi. Mais tes orbes étaient habituées d'observer les petits détails, et les yeux ne mentent pas. Louis possédait une fatigue si caractéristique des vétérans, tu la voyais dans sa posture et son sourire qui n'atteignait pas ses joues. Comment ne pouvais-tu pas, véritablement? Quand cette même usure te tenaillait toi-même.
- Puis-je ?
Lui répondant d'un simple grognement affirmatif, tu retournas à ta boisson. Tu n'étais pas du type bavard, et Louis devrait le savoir depuis. Un moment de silence compatriote s'installa entre toi et ton voisin, avant que tu ne daignes commencer la conversation.
- Les affaires vont bien? Dis-tu, davantage une affirmation qu'une question, mais que voulez-vous.

- Oh parfaitement bien ! Surtout en cette période, les quelques jours précédants la rentrée sont toujours aussi florissants.
Hm. Tu hoches de la tête, absorbant l'état de ton vieux camarage de rang. Il allait visiblement très bien depuis la dernière fois, malgré qu'il souhaitait favoriser sa jambe non-meurtrie, sûrement une séquelle de ton opération rapide. Après, quel soldat était revenu sans cicatrices de cette foutue guerre moldue? Que ce soit physique ou mental, les vétérans se reconnaissaient entre eux par l'ombre qui habitait leur âme. Toi-même, tu n'y avais pas échappé, tant ta jambe droite n'arrêtait pas de te le rappeler lors de jours pluvieux Londonien.
- Et toi dont ? Quelles affaires t’amènent sur Londres ? Sainte Mangouste, peut-être ? A moins que ce ne soit pour une toute autre raison ? On ne s’est pas croisé depuis des années, il y a bien des choses à rattraper.
Tu apportas ton verre à ta bouche, afin d'y prendre une gorgée, puis : Non, je ne pratique plus depuis la Guerre. G majuscule inclut dans ta narration verbale, car le dernier conflit en valait la distinction. Je suis ici pour enseigner, à l'école écossaise.
La raison de ton arrêt était direct : tu n'en pouvais plus, tout simplement. Le sentiment collant du sang sur tes doigts, de l'odeur putride caractéristique des cadavres dans tes narines, du sentiments de défaillance, de manque à son devoir envers la Vie. Ton rôle en tant que Médicomage, et Médecin d'abord, était de sauver des vies, pouvoir apporter un futur à des victimes d'horreur. Mais la guerre Moldue avait apporté une frustration qui autrefois t'avait été inconnue, et ce, envers le Secret Magique lui-même. La base même de votre société t'avait interdit de sauver des vies, de faire une distinction vivide entre des "Moldus" et des Sorciers, de caser en deux catégories ceux qui étaient dignes de vivre et ceux damnés à mourir. Mais détrompez-vous, tu étais bien loin d'être un partisan des moldus, mais tu n'en restais quand-même pas impassible. Des vies restaient des vies, qu'elles soient sorcières ou pas. La Vie tout simplement, demandait le respect, et tu ne pouvais tout simplement pas continuer de tourner les yeux et de suivre les règles quand tu savais les véritables horreurs qui se passaient derrière les rideaux.
- De votre côté?

- Oh Poudlard ! J’y ai fait mes classes. Et tu y verras probablement mon fils également. Tu pourras difficilement le louper, avec sa coupe de cheveux…
Plusieurs auraient été content d'apprendre qu'il enseignerait au enfant d'un de leurs bons amis, mais tu ne laissas que sortir un grognement comme réponse à la nouvelle. Détrompez-vous, tu n'avais rien contre le rejeton, mais c'était justement ça le problème. C'était un rejeton, un gamin. Et bien maudit soit ton choix de carrière, car tu n'aimais aucunement les enfants. Trop bruyant, trop chiant, trop demandant, trop chialeur. Bref, trop de tout -et n'osez jamais affirmer le contraire, bien malgré tes airs paternels avec tes étudiants-.
- Oh, rien de vraiment exceptionnel… Mon père a pris sa retraite voilà quatre ans - il était plus que temps, si tu veux mon avis. J’ai donc repris la boutique du Chemin de Traverse ; mais également celle de Pré-au-Lard, qui a ouvert ses portes en même temps. Les affaires se portent bien, en somme.
Tu lui jetas un regard. Si si, tu t'en souvenais désormais, ton compagnon de boisson était un marchand au Chemin de Traverse, mais de quoi, tu ne t'en souvenais aucunement. D'objets magiques, si tu devais y mettre un étiquette, mais après. quels objets n'étaient pas magiques dans l'allée cachée? Mais pourtant, il te semblait que c'était important... Eh, cela te reviendrait si c'était si important.
- Et que vas-tu donc enseigner à Poudlard ? J’ignore bien si le poste sur leur spécialité de médicomagie est vacant ou non…
Tu secouas de la tête, en signe de non.
- Non, c'est potion que je remplace, tu laissas sortir un rire sarcastique, On va profiter de ce doctorat en Potions. Une pause, puis tu rajoutas, à peine perceptible à cause de ta gorgée bien calculée afin de dissimuler ton commentaire : Et comme j'ai dit, je ne pratique plus.
Tu te reconcentras sur ton verre, bien content de ne pas prononcer davantage de syllabe pour le moment.
- Vous êtes baguettiste, non?, dis-tu, soudainement. Vous pourriez jetez un coup d'oeil à la mienne, il semblerait qu'un ingrédient inconnu soit tombé dessus, et elle retarde depuis.
C'était probablement rien, un petit retardement qui s'arrangerait avec un peu de temps, mais tu préférais la faire vérifier par un connaisseur. Écartant ton sarrau, toujours fidèlement sur ton dos, tu y attrapas ta baguette, attacher à ta cuisse à l'aide d'un port-baguette en cuir simplet. Tenant vers ton compagnon la baguette de cerise, tu l'invitas à la prendre entre ses doigts et de l'inspecter. Après tout, qui s'y connait mieux qu'un fabriquant de baguette?

- Les baguettes asiatiques ont toujours eu une certaine noblesse, à n’en point douter. La tienne ne fait pas exception.
Tu laissas sortir un son affirmatif. On te l'avait toujours dit, comment ta baguette était l'épitome de la majesté, de la dignité et tout le blah blah qui était si important aux yeux de tes origines. Quant à toi, tu voyais d'avantage ta baguette comme ton outil de prédilection, un simple focus avec lequel tu dirigeais ta magie afin d'effectuer des tâches.
- Cet ingrédient qui est tombé dessus… l’a-t-il endommagée d’une quelconque manière ? Elle semble légèrement hm… déséquilibrée sur la prise en main. Il faudrait passer à l’atelier pour un examen plus en profondeur - tu te doutes que je ne peux pas faire ce qui me plaît ici. Mais un entretien rapide, et il n’y paraîtra plus !
Tu hochas de la tête tout en apportant ta chope à tes lèvres. Si le spécialiste pensait que c'était nécessaire, ce n'est pas toi qui allais le contredire.
- Oh, et nul besoin de t’inquiéter du prix ! Hors-de-question que je te fasse payer, cela va de soi.
Tu lui envoyas un regard, avant de cligner des yeux un peu surpris. Ce n'est pas comme si Louis ne savait pas que tu avais les moyens de le payer amplement, il devait connaître ta lignée et tes ancêtres, qui ne les connaissait pas, et pourtant il refusait tout paiement.
- Vous êtes un homme particulier, Ngala, dis-tu, la trace d'un sourire fantôme sur les lèvres, Mais ça me va
Un silence s'installa de nouveau entre vous, interrompu à quelques intervalles par des commentaires venant de chacun d'entre vous. Mais pour la plupart, vous étiez content de boire en silence, dans une camaraderie si caractéristique de deux hommes qui ont vécus des évènements graves ensemble. Puis, bière finie et discussion achevée, ce fut avec une date pendant la semaine prochaine à l'atelier de Louis que vous êtes parti chacun de votre côté.