«
J’espère bien, car tu ne l’aurais pas obtenu et tu ne l’auras jamais. » D’une plaisanterie, un virage a été pris. Serré, violent, brutal. Aussi brutal que les propos dictés et le sortilège lancé ensuite. Croire que Zakhar aurait eu de la pitié pour lui était déjà une belle preuve que Vorobiev était loin du compte à son sujet. Qu’il ne le connaissait pas. Qu’il le jugeait trop vite. Ou qu’il en attendait trop pour satisfaire sa petite personne en pensant être le centre de l’univers.
Sacha ne se trompe pas. Son professeur de Magie Noire se délecte de la situation. Il savoure souffle couper de son interlocuteur et l’odeur de la peur qu’il sent à travers celui-ci. La raison était obscure certes, mais pas parce qu’elle était secrète. Parce que ses motivations à garder ce petit élève présomptueux sont pernicieuses. Il détecte du potentiel. Un potentiel intéressant, qui peut s’avérer utile à l’avenir. Raison pour laquelle Grishin ménage ce Serpentard et s’est seulement contenté d’une petite “mise en garde”.
Il avait un rôle à jouer dans cette école. Une fonction à remplir. Il avait signé pour. D’autant que Zakhar était suffisamment malin pour prendre en ligne de compte que la terreur n’était pas la meilleure solution afin d’obtenir la confiance d’autrui, quand bien même ses pulsions et ses instincts premiers pouvaient prendre le devant. Il devait s’assurer de leur loyauté et pour cela, il devait se comporter comme un professeur prêt à les aider. Cela l’enquiquinait au plus haut point.
Néanmoins, il avait une promesse à tenir et cela rejoignait ses propres intérêts alors soit ! Il était prêt à faire un effort.
Quand bien même il n’en donnait pas l’impression, à regarder ailleurs et avoir l’air évasif, le mage noir avait écouté. Il avait fait la sourde-oreille pour les excuses, car celles-ci ne suffiront malheureusement pas. Cela dit, il y avait plus intéressant pour le moment autour duquel converser qu’une solution pour nettoyer le crachat injurieux à l’encontre d’une personne placée plus haut dans la hiérarchie scolaire. «
Nous y voilà, remis sur les bons rails. On va pouvoir discuter maintenant et je vais pouvoir te répondre. » Lui. Mage Noir. Donner des cours de Magie Blanche. Quelle cocasserie ! Mais ceci le fait sourire, car ses collègues doivent vraiment être de mauvais éducateurs pour qu’un élève vienne lui demander ses enseignements à lui dans leurs matières.
D’autant que Vorobiev n’avait pas tort. Il serait allé à l’encontre de la volonté de son propre père, s’il n’avait pas appris les deux facettes de la magie. La blanche et la noire. Il balaye l’air d’un geste désuet de la main, effaçant ainsi ses schémas puisque le Serpentard avait compris son erreur de route. Il n’avait donc plus besoin de dessin pour.
Il semble avoir retrouvé une humeur plutôt neutre. Son sourire n’était plus, mais il n’avait plus cette aura agressive autour de lui. Il laissait même transparaître son épuisement, puisque son masque de doux moqueur n’était plus et ne le cachait plus. «
C’est cela. Il te faut un contre-sort. Les Vampires étant issus de la magie noire, tu dois puiser dans la magie blanche pour les atteindre physiquement. Tu peux toujours les entraver avec la magie noire, ils n’en seront pas blessés et tu ne les tueras pas ainsi. Tu as l’avantage de n’être qu’un bâtard entre un vampire et un sorcier. Tu peux donc manier les deux magies sans craindre de te bruler. Mais si tu veux maîtriser l’un ou l’autre, il va falloir que tu tires au clair ce que tu veux faire, que tu choisisses et que tu t’y accroches. Autrement, tu ne pourras pas atteindre le plein potentiel. Quant au Patronus… » Le Professeur Grishin marque une pause et s’appuie sur le bord de la table pour ne plus tourner le dos à Vorobiev et l’avoir en ligne de mire.
Zakhar croise ses bras et soupire : «
Ce sortilège n’a pas d’équivalent, car il est unique en son genre. Hm… Tu es en sixième année, c’est ça ? Tu l’apprendras en Défense Contre les Forces du Mal et je peux que te conseiller vivement de le maîtriser, car il ne sert pas qu’à repousser les Détraqueur. À lui seul, il est capable de repousser toutes les créatures issues des forces du mal, aka les créatures issues de la magie noire. Tu pourras donc t’en servir également pour repousser les vampires. Si tu le maîtrises suffisamment bien, aucun d’entre eux ne pourra t’approcher. On raconte qu’ils sont même capables de se matérialiser et quitter leur sorcier pour aller délivrer un message à l’autre bout du monde à la demande de celui-ci. »
Il a toujours détesté ce sortilège, car ce dernier est sans faille.
Enfin ; Presque.
Le mage noir s’abstient de dire quelque chose et cela se voit dans la lueur de ses yeux. Il y a un secret, une condition, une contrepartie. Un sortilège aussi puissant demande un cœur pur et souhaitait la mort d’un autre, même avec de bonnes raisons ou intentions, n’est pas très “pur”. Il y a fort à parier qu’ironiquement, ce dernier se retourne contre lui et repousse son lanceur, plus qu’il n’aurait dû repousser sa cible.
«
C’est cornélien comme choix, n’est-ce pas ? » Son sourire réapparait et il quitte sa position pour libérer Sacha de sa présence. Il s’éloigne, fait le tour de la table et va chercher de quoi grignoter dans son sac, qui est accroché sur la rambarde de l’un des escaliers menant au balcon intérieur de cette pièce. Il en sort deux pommes bien rouges ; puis revient.
Il en dépose une devant Sacha, puis reprend : «
Blanche comme noire, la magie s’adapte à la volonté d’un sorcier à partir de l’instant où celui-ci sait ce qu’il veut et s’accroche à ses convictions. Ce n’est pas une question de bon ou de mauvais. Ça, ce sont des conneries de manichéisme. Garde en tête que quoi que tu décides, tu casseras des pots quelque part. Tu blesseras des innocents. Le chaos nait de l’ordre et inversement. Une fois que tu auras accepté ça, tu pourras utiliser les deux types de magie sans te soucier de qui tu es. »
Le vice revient dans ses yeux. Il illumine ses derniers, ponctué par un sourire narquois et en guise de ponctuation à ses propos, il croque à pleine dent dans la pomme. Insouciant jusqu’au bout. L’idée de faire du mal aux autres et que cela soit une banalité est loin de lui couper l’appétit.
La question ne le prend pas de court. Bien au contraire, il s’attendait à ce que celle-ci tombe. Pourtant, ses airs goguenards reviennent et le revoilà à exagérer cette insouciance. À s’amuser, comme si ses souvenirs l’étaient. Ils le sont. En tout point. «
Si cela peut t’inspirer… » commente-t-il en guise de transition, alors qu’il hausse épaules et mains vers le plafond.
«
J’ai exploité leurs faiblesses et j’ai adapté le choix de mes sorts en conséquent, en prenant en compte les miennes. Le dernier m’avait pris par surprise dans des catacombes. Aucune lumière dans ce genre d’endroit, alors j’ai utilisé le sortilège de combustion pour mettre le feu à ses habits. Tu l’aurais vu, ha ha ! Une vraie torche humaine. Je voulais l’énerver, lui faire perdre tout raisonnement et par orgueil, cet imbécile à mordu à l’hameçon. Il m’a pourchassé jusqu’à là où je voulais l’emmener et après l’avoir immobilisé, je l’ai forcé à sortir dehors avec un sortilège d’Expulso, où le soleil brillait et j’ai verrouillé toutes les portes pour l’empêcher de retourner dans les ombres par précaution, mais le sortilège d’immobilisation était toujours actif, alors… »
Torche humaine et il n’a même pas pu utiliser sa bouche pour hurler son agonie. Personne ne l’aura entendu mourir.
«
En d’autres termes, je me suis adapté. Ça aussi, tu l’apprendras. En Duel. Mais crois-moi ; j’ai vu des menaces bien pire que les vampires et celles-ci, aucune magie ne pourra les défaire. » Il préfère encore avoir à faire à un vampire qu’à un moldu, un
без магии, un “Sans magie”.
HRP ►
Pour des questions de confort de lecture et d'écriture, les dialogues de Zakhar passe en
cette couleur quand il parle en russe.