Le bureau de Gretel était aussi éparpillé que son esprit était en effervescence. Sur sa gauche se trouvait sa baguette magique dont quatre feuilles de la couleur des saisons, venaient s’enrouler autour de sa ramure… Quatre. Ce chiffre intéressant, inquiétant, une feuille de plus sur un trèfle qui suffisait à lui donner de l’importance. Quand “un” permettait de rendre unique un ensemble : quand 1 était plus fort que 3. Gretel songea :
ma baguette, tu seras ma “ porteuse de chance ”, j’en suis sûre… S’il-te-plaît, patiente face à mon incompétence… Je serai bientôt aussi grande que ton importance.
Sais-tu pourquoi j’aime autant les végétaux ? Fit-elle dans ses pensées, s’imaginant parler à Swann, l’ancien majordome de la famille.
Parce qu’elles sont si simples et si fidèles. Avec elles, si tu sais les écouter, elles sauront te répondre : donnez-leur de la lumière et elles vous donneront de la grandeur. Donnez-leur de quoi s’abreuver, et elles vous donneront de quoi vous sustenter. Donnez-leur de l’amour… Et elles vous éblouiront de leur éclat. Alors qu’avec un être humain, une créature… Donnez-leur de la lumière, et ils vous plongeront dans les ténèbres. Donnez-leur de quoi s’abreuver, et ils vous demanderont le fleuve. Donnez-leur de l’amour et… Son cheminement resta en suspens. Quid d’un homme aimant ? Peut-il parfois être aussi beau que l’essence d’une fleur ?
Elle regarda par delà le château, aussi rêveuse qu’une enfant de son âge pouvait l’être. Son bloc-notes enfin rangé dans son sac, une main vint s’approcher de son bureau :
- Gretel, tout va bien ?
Ses yeux se levèrent vers son professeur qui la regardait avec un brin d'empathie dans son regard ; Gretel ramassait ses dernières fournitures scolaires afin de rejoindre sa prochaine destination. En ramenant son esprit dans la réalité des choses, elle put voir qu’à droite, les dernières personnes venaient de s’en aller, qu’à gauche, la salle venait de se vider. Prenant en toute hâte le bouquin
L'illégalité des loups entre le pli de son épaule, elle se leva d’un bond de sa chaise avant de crier, apeurée :
- Oh non… Je vais être en retard !
Une goutte d’eau perlait de son front par l’effort qu’elle allait devoir
encore accomplir pour changer de salle de classe. Quelque part, elle maudissait cette école pour ces interminables escaliers, ce choixpeau magique pour l’avoir assignée à une maison située dans les derniers étages. Voulaient-ils vraiment l’achever avant la fin de l’année ? Que va dire son père en apprenant qu’elle ne fera pas la fierté des serpents ? S'apprêtant à partir en toute hâte, la jeune fille fut retenue par la main du professeur.
- Je vais t’accompagner jusqu’à la salle de classe pour que tu y sois à temps. Ne traînons pas.
Elle était fascinée par le talent de cet adulte à s’immiscer de couloirs en couloirs, d’escaliers en escaliers ; empruntant avec une facilité déconcertante, des raccourcis aussi divers que variés. Gretel songea qu’il serait intéressant de lui demander un jour, le plan et le fonctionnement de ces escaliers magiques afin d’être toujours à l’heure malgré son handicap :
La ponctualité était l’une des valeurs les plus importantes chez les Jabberwock… Mais plus d’une fois, elle avait risqué de faillir à l’un de ses plus grands principes. Comment faire pour arriver à temps, quand un membre nous fait défaut ? Les béquilles, c’était bien beau, mais très rudimentaire quand on savait que la magie était censée être capable de guérir bien plus…
Enfin devant la salle de classe, dernière arrivée mais première dans les rangs - face à son professeur, Gretel écouta avec une attention non feinte, le maître connaisseur des animaux magiques, ainsi que son camarade de classe qu’elle enviait tant d’être Serpentard :
- Il y a les êtres tels que les vélanes ou les gobelins.
Affirma Chester sans l’ombre d’un doute, sous les applaudissements d’autres élèves ébahis par sa propre splendeur. Assurément, cet enfant avait du charisme… Alors elle l’observa un moment d’un air rêveur avant de se rappeler qu’elle voulait elle aussi, donner sa propre version des faits :
- Pour moi, on classe les créatures de la moins dangereuse à la plus dangereuse :
X pour les plus inoffensives et XXXXX pour les plus méchantes.
Sans attendre, Gretel ouvrit son livre sur
les créatures domestiques et nuisibles qu’elle posa au dessus de celui sur les lycanthropes, à la page où se trouvait une petite pastille de couleur verte. Puis, elle y mit son index avec assurance avant de rajouter :
- Par exemple, le Horglup est une créature de catégorie X qui ressemble à un champignon... C'est une sorte de mauvaise herbe animale qui se fait passer pour une mauvaise herbe végétale, et je ne l'aime pas du tout. Professeur, comment peut-elle n'être classée qu'en catégorie X ? Si on prenait en compte le mal être des végétaux, elle devrait passer à XX ou à XXX ...
Alors qu'elle espérait avoir attiré l'attention du professeur, elle fut couper par Arcturus, le Serdaigle :
- Pour revenir à ce qu'à dit Chester, il y a également les elfes de maison et les vampires, qui sont eux-aussi des êtres. Nous avons les animaux qui sont plus ou moins dangereux, comme les véracrasses inoffensifs et les loups garous très dangereux voire mortel. Pour finir, il y a des créatures qui font l'objet de mythe chez les moldus, comme le chupacabra en Amérique.
Face à un tel affront, elle ne put se retenir de penser en contenant sa colère :
Le Horglup parasite les fleurs, Le Arcturus parasite les autres élèves... Lui aussi devrait être reclassé en catégorie dangereuse. Mais son énervement laissa place à de sérieux doutes... Ce n'était à plus rien comprendre, Gretel faisait-elle fausse route ? Pourquoi aborder le sujet des êtres dans un cours parlant de créatures ? Les créatures sont-elles des animaux avant tout ? Elle ne pouvait s'y résigner, car dans son esprit, l'un était féroce et indomptable, l'autre passionnant et faisant preuve de compassion. Elle se rongea les ongles, en attente de l'avis de son professeur qui semblait aussi exténué qu'elle. Lui aussi devait s'amuser à galoper ses propres escaliers à l'aide de béquilles... Ainsi, le doute laissa place à la compassion.