Chez la concurrence ▴ LIBRE

Vous savez, il ne faut jamais se fier aux apparences, même s'il est toujours bon d'en prendre note et que cela donne parfois un bon indicatif sur certaines personnes. Oui, c'est assez contradictoire, mais vous remarquerez que la vie entière est plus complexe et à la fois plus simple qu'on ne l'imagine. Par exemple quand on croise Eugène, on a tendance à croire qu'il est un garçon mystérieux qui doit bien cacher certaines choses, lui qui ne parle jamais de lui et qui se contente de poursuivre sa route sans se retourner avec pas mal de ressources. Pourtant il n'a rien d'extraordinaire à révéler sur lui, on serait certainement déçu en se rendant compte qu'il est tout à fait ordinaire et que cette supercherie n'est simplement le fruit que d'un caractère assez singulier et solitaire. De l'autre, on prendrait un garçon comme ce blond, cette grande pipelette orgueilleuse et qui ne se prenait clairement pas pour n'importe qui et ne cesse de parler de lui, encore de lui et toujours de lui, plaçant certainement certains mensonges au passage pour s'enjoliver, et on se dirait bien qu'il n'y a rien de mystérieux ou de secrets à son sujet alors qu'on pourrait gravement se tromper.

Heureusement que lorsqu'il se redresse, il a l'instinct de reculer sa tête, sous la surprise sait-on jamais qu'il lui donne un coup de tête, ça peut arriver. Par contre sa réaction paniquée n'est pas normal...non. Les sourcils du brun se froncèrent alors que des hypothèses naissaient dans son esprit quant à l'explication d'une telle...terreur? Il ne se préoccupait presque pas de la force qu'il mettait sur ses épaules, il était solide. Avait-il eu aussi peur que ça pour son visage? Non, il ne le touchait pas. pourquoi il ne le touchait pas? C'était pourtant ça qui avait eu l'air de l'avoir préoccupé tout à l'heure. Mais pas là. Pourquoi?

▬ IL S'EST PASSE QUELQUE CHOSE ?!! Il s'est passé quelque chose de bizarre ou pas ?!!!

▬ ...Non.

Il avait répondu presque immédiatement afin de le calmer même s'il aurait pu agiter d'une manière un peu sarcastique que oui, maintenant, il venait de se passer quelque chose de bizarre. Mais ce n'était pas le moment de faire de l'humour, il voyait bien que ce type n'allait pas bien. Qu'entendait-il par "quelque chose"? C'était si vague. Etait-ce en rapport avec lui? Plutôt lui ou autour de lui? Il ne peut rien déduire de cette demande, c'est frustrant. Tout ce qu'il peut savoir, c'est que c'est quelque chose qui terrifie ce garçon et le touche profondément pour que ça soit la première chose à laquelle il pense en se réveillant. Il ne sait pas si c'est sa réponse qui l'a calmé ou s'il s'est lui-même rendu compte que rien de bizarre n'était arrivé mais il pu le voir se laisser retomber sur le fauteuil. Eugène observait chacune de ses actions attentivement. Ce n'était pas de la comédie, ça, c'était sûr.

▬ P-pardon !! J'ai oublié de déjeuner ce matin... la bonne n'avait rapporté les calissons provençaux que je voulais alors ça m'a énervé et je suis parti sans rien avaler. Je suis très difficile en matière de petit déjeuné, si je n'ai pas ce que je veux, je ne mange pas. Mais, c'est bon ! Je me sens bien haha, juste un malaise vagal.

Juste...pour ça? Ça semblait crédible pourtant son geste mélodramatique contrastait avec sa panique de tout à l'heure, comme s'il cherchait à se rattraper et préférait passer pour un type superficiel. Type superficiel qu'il n'est pas? Se redressant à présent en l'observant de haut en bas, le Agur commence à se dire que cet air mélodramatique n'est peut-être pas ce qui définit foncièrement ce blond. Où s'arrête le mensonge? Où commence la vérité? Ah ça y est il recommence, dès qu'il y a le moindre petit mystère, il a tendance à s'y consacrer pleinement, ce n'est pas bon. Lorsque le garçon reprend ses affaires, Eugène repose son regard sur lui et hoche de la tête comme pour lui dire au revoir mais reste pensif. Ça par contre, c'était l'une des fuites les moins discrètes qu'il était donné de voir. Ils sont deux à regarder la porte en silence puis comme s'ils revenaient sur la terre ferme puis comme synchroniser, il se tourne l'un vers l'autre, revenant à leur mouton. Suivant jusqu'au comptoir l'homme, voilà le garçon sortir son porte monnaie se doutant qu'il était l'heure de passer à la caisse. Il écouta attentivement l'énumération de sa baguette et la répéta même dans sa tête afin de mieux enregistrer l'information; il s'agissait de quelque chose à retenir absolument puisqu'il s'agissait d'un objet que les sorciers se servaient toute leur vie.

▬ Voilà, merci beaucoup, ainsi que pour vos conseils, je tacherais de m'en souvenir.

Déposant les trois gallions, il esquissa un sourire très bref de politesse, n'étant pas des plus expressifs mais étant sincèrement reconnaissant. Et pris congé en emportant sa baguette vers de nouvelles aventures, pour son plus grand plaisir et déplaisir, d'une certaine façon.