Tiens donc. Dans l’ombre du second garnement, un chat noir s’était faufilé dans le magasin. L’animosité créée par le blondinet avait été profitable pour l’animal. Il put ainsi s’installer à sa convenance, s’étant allongé auprès de l’une des nombreuses fenêtres, à l’ombre des regards. À l’origine, il avait à faire. Des choix notamment, car loin de son pays d’origine, la compagnie d’un Maledictus, d’un Elfe de Maison ou d’une Tête Réduite n’aurait pas été de refus. Malheureusement, s’il voulait se préparer convenablement, il fallait mettre de côté des envies pour pouvoir assouvir d’autres plus prioritaires. À commencer par les manuels, afin d’avoir une idée de ce qu’il devait apprendre à ces sales mioches.
Cela étant ; ce matou semblait avoir été attiré par l’animosité, tel un prédateur face à une proie succulente. Il ne saurait l’expliquer. L’instinct ? La curiosité ? Une prémonition, peut-être ? Rien et tout de ceux-ci à la fois. Il flânait dans les allées et profitait de son anonymat pour se faire une idée des élèves qu’il allait retrouver à Poudlard.
Personne donc n’est, “ne sera” ou “n’aura été”, à l’abri de voir ce chat noir surgir dans une ruelle ou un coin de magasin.
Le blondinet lui plait. Il sait ce qu’il veut et son attitude l’amuse. L’autre avait cependant une odeur déplaisante. Elle manquait de magie, comme s’il avait grandi dans un environnement où celle-ci manquait. De plus il était relativement manchot avec une baguette, malgré ses bons réflexes. Quant au tenancier ; Le déni, sans doute, sauve celui-ci d’une myriade de critique à son égard. Ses propos étaient respectables, mais son physique repoussant. D’autant qu’il s’en sert pour repoussé, visiblement. Ce n’était pas incroyable qu’il soit propriétaire ; ça tenait du miracle ou d’un quelconque affranchissement pitoyable.
Médisant dans son esprit, il devait néanmoins lui reconnaître sa sagesse concernant les baguettes, si bien qu’il hésite à reprendre forme humaine pour solliciter son expertise. Aucun besoin de réparation ou de gain de puissance ; seulement une simple révision pour voir si tout était en ordre. Depuis “l’accident”, sa complicité avec celle-ci avait fait un bond en avant. Ils n’ont jamais été autant proche que lors de ces dernières années et nul doute que ça ira en s’arrangeant.
Enfin : c’était la version la plus enjolivée. Connaissant le personnage sous la peau de cette boule de poil noir, il ne serait pas étonnant que cela soit une forme de piège ou une tentative vicieuse de lui faire rabattre son caquet face à un sorcier blanc.
S’il voulait jouer la carte de l’intimidation, il avait un bon concurrent dans sa boutique sans même qu’il le sache…
Il verra cela plus tard.
Son opinion est faite, qu’attend-t-il pour changer d’horizon, s’il ne comptait pas interrompre la séance ? L’hésitation. C’était un bien piètre professeur, n’avait-il pas dis ? Alors ne serait-il pas “charitable” de lui venir en aide et d’apporter des réponses concrètes à ces deux mômes ? Sans doute. Aller.
Le chat se lève, s’étire, fait quelque pas et change de forme. Zakhar se craque la nuque et prononce : « *soupir las* Ce n’est pas en bridant les gamins qu’on peut faire quelque chose d’eux. Dangereux ? Qu’est-ce qui est dangereux ? Tu peux apporter tes baguettes à tes doigts avec ta magie, alors tu pourras sans doute réparer ta précieuse boutique avec aussi, Ô Grand et Sage Propriétaire Noir qui ne trouve rien d’autres que l’intimidation pour se faire respecter d’enfants. »
Le noiraud sourit et s’approche du tenancier avec nonchalance. Son esquisse est narquoise à souhait. Elle transpire la moquerie et la sournoiserie, alors que son bras vient s’accouder à l'épaule de l’autre adulte du groupe. Insouciant et se préoccupant peu de la nécessité d’un espace vital, voilà une façon plus perverse d’affirmer sa propre aura intimidante. Qu’est-ce qu’un noir lui dira, de toute façon ? Malheureusement pour lui, ce n’est pas un enfant, ni un petit individu. Zakhar le dépasse même de quelques centimètres, si vraiment il faut partir sur qui a la plus grosse.
« C’est vous, le chef d’orchestre au bout de cette baguette, les mioches. C’est à vous de choisir ce que vous voulez en faire, pas à l’artisan. » Il libère Louis de sa présence et leur fait dos pour se diriger vers le comptoir de ce dernier. Il y consulte les prix, tout en étoffant sa réponse : « Tu veux devenir plus puissants ? Apprends des sortilèges plus puissants. Vous voulez devenir un meilleur sorcier ? Ne craignez pas les limites, ni de la destruction. Abolissez vos peurs ou servez-vous-en. Si votre baguette vous est fidèle, elle vous suivra jusqu’au bout. Quoi qu’il lui en coûte. »
Il ne partage pas l’esprit “pacifique” qu’il a entendu jusqu’à maintenant et nul besoin d’avoir trois cents en Q.I pour le comprendre. Le mage noir s’allume une cigarette, réajuste sa cravate et le col de sa veste noire, puis reprends : « Est-ce que tu vends des produits d’entretien pour les baguettes dans ta boutique ? De la cire et du vernissage, en l’occurrence. » Pour ceux qui en douteraient encore dans le fond : oui, il se fout complètement d’avoir interrompu quelque chose. De toute façon, ce n’est pas comme s’il venait d’échapper à ce qui semblerait être une fusillade, vu la maîtrise d’Accio du gamin manchot. Ce n’est pas non plus comme s’il comptait se présenter, en plus de ça.